Conclusion : savourer et célébrer

Regarder derrière soi pour mieux avancer

Savourer représente le fait de déguster avec attention pour apprécier pleinement.

Dans tout parcours d’ultra trail, il y a des ascensions, habituellement suivies de descentes, parfois légères, mais parfois abruptes, sur des terrains parfois roulants, parfois techniques, dans des conditions météorologiques parfois agréables, et parfois très inconfortables. En effet, un parcours de trail n’est pas jamais aisé.

Alors je me fais un devoir de me remémorer que chaque kilomètre parcouru est un kilomètre de moins qu’il me reste à parcourir, et un kilomètre de plus qui me rapproche de la ligne d’arrivée.

Il est important que je pense à célébrer mentalement le chemin déjà parcouru, au lieu de rester centrée sur le chemin qu’il reste à abattre. Souvent, c’est quand la moitié du chemin a déjà été parcouru, et que la douleur s’installe dans certains endroits de mon corps, qu’il devient alors plus facile de me rappeler qu’il en reste moins qu’il en restait. Je porte alors une attention particulière à me montrer reconnaissante pour ce qui a déjà été accompli. Mais je prends aussi le temps de contempler le décor qui s’offre à moi, pas après pas. Et d’éprouver la gratitude inspirée par mes propres accomplissements.

Mesurer le chemin parcouru

La vie de l’entrepreneur est jalonnée d’étapes. Ce parcours vient avec des succès, mais aussi des défaites. Des petites avancées qui sont en fait des victoires, peut-être juste moins remarquables que d’autres. On a parfois l’impression de stagner parce que tout n’avance pas aussi vite qu’on le souhaiterait, et pourtant, quand on regarde rétrospectivement, on réalise qu’on en a parcouru du chemin… Parfois, on a même déjà fait un grand pas vers l’avant qui est presque passé inaperçu tellement on avait le regard planté vers l’horizon.

On omet souvent de regarder d’où on part, pour évaluer le stade auquel on est rendu. Et pourtant, on a souvent évolué entre deux périodes. Et même si l’objectif n’est pas encore atteint, s’arrêter, prendre la mesure du chemin parcouru et se féliciter pour celui-ci donne la force nécessaire pour poursuivre l’aventure.

Si je regarde en arrière, mon entreprise est quasiment au même point qu’elle l’était l’an dernier à la même période. Toutefois, entre temps, nous avons congédié la moitié de notre équipe de gestion, nous avons liquidé les dettes que nous avions, nous avons remis notre entreprise sur les rails et nous avons formé une nouvelle équipe de gestion. Sous la surface, il y a donc eu énormément de chemin parcouru pendant cette année-là. Et si je fais le même exercice en mesurant d’où je suis partie il y a plus de 4 ans, je prends conscience que ce n’est même plus juste un pas de géant, mais un gouffre qui sépare ces deux périodes.

Je vis l’entrepreneuriat comme je cours un ultramarathon. Je me sens régulièrement comme au 100e km : je me suis rendue trop loin pour m’arrêter maintenant et je n’ai pas fait tout ce chemin pour abandonner. Mais je suis plus fatiguée, j’ai parfois mal, et la distance pour atteindre le dernier kilomètre km me paraît encore bien éloignée. Pourtant, je dois continuer à y croire. Et à avancer, tout en me félicitant pour le chemin déjà parcouru, et en savourant mon expérience actuelle.

Parce que c’est ça l’entrepreneuriat. Beaucoup de plaisir. Et au moins autant de douleurs ou de préoccupations. Pourtant, comme dans une course, je dis souvent que le plaisir est proportionnel à l’effort. Et c’est ça qui est beau et qui nous fait sentir vivant.

Et vous, quel est le prochain défi sportif que vous allez mettre à votre horaire dans le but de devenir un meilleur entrepreneur?

Précédent
Précédent

Ce fameux lâcher-prise