L’art (presque perdu) de rester humble

Et si la vulnérabilité nous rendait plus forts?

L’humilité est la conscience de ses limites, de ses faiblesses, et se manifeste par une attitude volontairement modeste.

Une des premières choses que j’ai apprises en me lançant dans l’univers des ultramarathons, c’est que même si je passe par de nombreuses phases merveilleuses d’euphorie, où la course va bien, où tout semble se dérouler naturellement, où mon corps tout entier est en état de communion avec l’environnement, et où je me sens prête à avaler des montagnes… c’est que cet état de flow ne dure pas!

À un moment de la course, mes jambes et mon cerveau me rappellent à quel point c’est long un ultra. Et à quel point c’est difficile. Je dois accepter mes faiblesses et mes zones de vulnérabilité (le fort dénivelé dans mon cas). Quelle que soit la solidité de ma préparation, je dois admettre qu’aussi forte que je puisse me sentir, j’ai des limites. Et bien que je cherche régulièrement à me surpasser pour les dépasser, il est inévitable qu’elles finissent par me ramener face à elles.

Si je perds de vue cette notion de précarité, je risque de me décourager lorsque ces limites se feront sentir et je ne serai pas en mesure de faire face à l’adversité avec efficacité.

Dans ces aventures, j’ai compris rapidement que la valeur de l’exploit ne résidait pas dans le nombre de kilomètres parcourus, ni dans le temps nécessaire pour les parcourir. Voici une vérité qui se révèle lorsqu’on a quelques épreuves du genre au compteur : ce ne sont que des chiffres et ils ne signifient rien du tout! La beauté de ce type de défi réside dans l’humilité que ces expériences nous imposent. La fragilité de l’être humain face à la nature et aux éléments qui la composent. Et surtout, même si on est assurément toujours meilleur qu’un autre (en se comparant à celui qui reste assis dans son canapé), on est toujours moins bon que beaucoup d’autres. La réalité est que je ne suis pas une athlète élite et que bien des personnes surpassent largement mes performances.

Négocier les succès avec modestie

La modestie correspond à la retenue dans l’appréciation de soi-même ou de ses réussites.

Il est important de se rappeler que dans une entreprise rien n’est jamais acquis. Même quand le succès est au rendez-vous, que les affaires vont bien, il suffit d’une mauvaise décision d’affaires, d’un mauvais produit, ou d’un mauvais client, et le château de cartes peut s’effondrer. Répétons-le : l’état de flow ne dure jamais.

Personne n’est à l’abri d’un échec ou d’une faillite, même quand les choses allaient bien auparavant. Pour ma part, c’est un mauvais comptable qui a bien failli me coûter l’existence de mon entreprise. Les chiffres qui m’ont été transmis étaient erronés, et les décisions que j’ai prises en fonction de ces chiffres se sont révélées être totalement inopportunes, ce qui nous a mené tout droit vers la catastrophe. Nous pensions faire des profits, ce qui nous a incité à agrandir de façon importante notre équipe de gestion, alors qu’en réalité, nous creusions notre tombe un peu plus profondément à chaque période de paie. Nous accumulions des dettes dont nous n’avions pas connaissance au moment où nous recrutions.

Donc même si on pense avoir construit une organisation solide, il est important de se rappeler que du jour au lendemain, tout peut basculer. Parce que certains éléments sont hors de notre contrôle. Comme sur les sentiers, l’humilité en affaires nous prépare à faire face à l’adversité quand elle se présente.

Tout, absolument tout, quelle que soit l’activité, repose souvent sur un équilibre bien fragile et précaire. La notion d’impermanence permet de remettre un peu de modestie au cœur de nos succès.

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