Le développement de la résilience
Accepter que l’inconfort fasse partie du plan et apprendre à le gérer
L’inconfort est le caractère désagréable ou incommode d’un état dans lequel on se trouve.
Quand je m’inscris à une épreuve d’ultra endurance, je sais que je vivrai (beaucoup) de moments d’inconfort. Je sais que certains de ces moments seront vraiment pénibles et douloureux. Même si je sais, par expérience, que je vivrai paradoxalement des moments extraordinaires avec moi-même, je sais aussi que les moments d’inconfort feront partie de l’expérience que j’ai choisi de vivre.
Lors de ma période de préparation, je vais donc devoir apprendre à négocier avec cet inconfort et développer ma résilience, ma capacité d’adaptation au stress. En général, j’adore chausser mes runnings et partir courir dans le bois. Mais parfois, je n’ai pas du tout envie de sortir m’entraîner. Parce qu’il fait froid. Ou qu’il pleut. Ou qu’il fait nuit. Ou qu’il fait froid, pleut et fait nuit en même temps! Ou parce que c’est une séance de course sur route. Ou que c’est un programme de musculation.
Et pourtant, je sais que je dois suivre mon plan si je veux avoir des chances d’arriver prête sur la ligne de départ. Alors je me remémore mon objectif, et j’accepte que l’inconfort fasse partie du plan. Et c’est très souvent dans ces moments particuliers où cela m’est le plus pénible de prendre la décision de sortir m’entraîner que je fais mes plus belles sorties.
Petite tranche de vie : ma plus belle sortie dans ma préparation à cet ultra trail a d’ailleurs été celle que j’ai dû faire après une fin de semaine dédiée à mon travail, durant laquelle j’avais peu dormi, et où je devais reprendre la route et faire plusieurs centaines de kilomètres de voiture pour rentrer chez moi. Je suis revenue en fin d’après-midi, et j’avais 7 heures de course à l’horaire selon mon plan. Il pleuvait. Et l’envie de sortir m’avait totalement désertée. Or, une fois cet entraînement terminé, un constat : c’était certainement ma plus belle sortie de tous ces mois de préparation!
Bien malin, notre cerveau cherche tous les moyens de nous convaincre que ce sera difficile. Quand on se programme à ne pas écouter toutes les bonnes raisons que celui-ci échafaude pour justifier un désistement, la réalité devient forcément plus agréable que ce qu’on avait anticipé. Finalement, il en ressort une sensation totalement euphorisante. Ce que j’en retiens? C’est que je développe une certaine forme de résistance au stress... mais également que, plus la décision de faire quelque chose me coûte, plus je suis comblée par le sentiment d’accomplissement ressenti en ayant finalement réussi à m’auto-motiver.
La résilience se bâtit d’obstacle en obstacle
La résilience est l’aptitude d’un individu à se construire et à vivre de manière satisfaisante en dépit des circonstances traumatiques.
On connaît des moments de joie extrême dans la vie d’entrepreneur, parce qu’habituellement, c’est un statut que l’on a choisi, et désiré, qui aboutit généralement à un sentiment de réalisation. Mais c’est impossible que l’expérience soit toujours facile et joyeuse. On passe aussi par de nombreux moments de stress et d’inconfort. Parce que tout ne se passe pas toujours comme on l’a prévu. Parce qu’il faut parfois faire des choses ou prendre des décisions pénibles. Parce qu’on fait de multiples concessions pour vivre cette vie-là. Et pour passer au travers de ces moments désagréables, la résilience est la clé.
Mon entreprise a frôlé le gouffre financier et j’ai vécu de nombreux moments de remises en question, de honte, et d’incertitude. Mais j’ai finalement réalisé, dans ces moments sombres, que j’avais la force intérieure nécessaire pour passer au travers. Et plus l’obstacle qui s’impose à moi est grand, plus je me sens fière, une fois cet obstacle dépassé, d’avoir fait les efforts nécessaires pour le surmonter. En fait, j’ai senti que j’avais réussi à me connecter à cette force, la même que celle qui me permet d’accepter l’inconfort et de gérer les moments de stress dans mes défis sportifs. Avoir développé cette résilience, et surtout en être consciente, m’a assurément aidée à traverser des moments souffrants dans ma vie d’entrepreneure.
D’ailleurs, alors que je rechignais à l’idée de participer à un 50 km au début de ma préparation, parce que mon cerveau – très persuasif – me disait ça allait être vraiment difficile parce que mon mental n’était pas encore prêt pour cet évènement, ma partenaire d’affaires m’a dit : « Souviens-toi comme on en a bavé pour remonter notre compagnie depuis les six derniers mois. Et pourtant, on a réussi. On est passé au travers de ces six mois de stress et de travail acharné. Là, c’est finalement juste 10 heures de souffrance qui t’attendent. Alors c’est certain que tu en es capable ».
Développer sa résilience, sa tolérance à l’inconfort, permet de passer au travers de circonstances traumatiques, quelles qu’elles soient.