L’heureux mariage du courage et de la force
Le courage de se mesurer à plus grand que soi, la force de réussir
Le courage est une vertu qui permet d’entreprendre des choses difficiles en surmontant la peur, et en affrontant le danger la souffrance et la fatigue.
S’inscrire à des épreuves d’ultra exige du courage, car je sais que la préparation va être longue et ardue. Parce que je vais devoir être assidue. Et que je ne pourrai trouver aucune excuse pour ne pas m’y soustraire, quelles que soient les difficultés qui s’inviteront dans ma préparation. Sortir de son canapé, peu importe le défi envisagé, est en soi une preuve de vaillance. Parce que l’envie et la motivation ne sont pas toujours au rendez-vous. Et pourtant, c’est dans cette force qu’il est nécessaire d’aller puiser pour se motiver et se mobiliser : pour décider de s’inscrire à un 160 km de course en sentiers, ça prend de la bravoure. Mais savoir que j’ai le cran nécessaire pour m’inscrire et l’intrépidité de croire que je vais arriver à mettre l’énergie nécessaire pour passer par-dessus la souffrance m’aide à continuer de vouloir me dépasser. Mais le courage à lui seul ne déplace pas des montagnes. C’est simplement la bougie d’allumage. Un matin, lors d’un entraînement, je me suis surprise à me diriger en direction d’une montagne que je trouvais jusqu’à ce moment très difficile. Je ne la faisais jamais, à moins que mon conjoint insiste pour qu’on s’y mesure. Il pleuvait et la brume et les nuages très bas rendaient mon ascension plutôt spectaculaire. Mais pendant que je gravissais ce mur rocheux presque en escalade et qu’en atteignant le sommet, je surplombais maintenant les nuages, j’ai réalisé que grâce à tous ces mois de préparation, j’étais devenue de plus en plus forte. L’exercice en était rendu presque facile.
Mes muscles se sont développés avec l’entraînement et les incessantes répétitions de course et de grimpe les ont renforcés. Et j’ai réalisé que mon cerveau était un organe qui réagissait de la même manière : plus je l’entraînais à résister aux épreuves physiques que je lui imposais, plus il se développait et se préparait à affronter les moments d’inconfort.
Les moments de grâce se situent à l’extérieur de la zone de confort (quand la force et le courage ne sont plus une option mais une nécessité pour rester debout)
La force représente la puissance d’action : c’est une énergie morale, qui correspond aux capacités de résister aux épreuves.
Parallèlement, plus l’exercice physique de gravir la montagne devenait facile, plus je sentais que mes bases entrepreneuriales se renforçaient. En fait, mon équilibre physique irradiait jusque dans ma vie et dans mes activités professionnelles, m’amenant à affronter les défis avec beaucoup plus de solidité. En fait, c’est comme si mes forces en tant qu'entrepreneure s’étaient développées au même rythme que ma force physique d’athlète d’endurance. Ce qui s’est présenté comme une surprise pour moi lors de cette découverte, je me l’explique finalement très bien avec le recul : quand on travaille à devenir plus fort, on prend plus confiance en soi. Et cette confiance, qui nous apporte assurance et aplomb, nous permet d’affronter les obstacles en étant plus stable, et ce, dans toutes les sphères de notre vie.
La force acquise avec un travail physique ne se limite pas aux muscles de notre corps. Se sentir plus fort permet de se sentir aussi plus confiant. Et on peut partir de son expérience physique pour travailler sur cette assurance.
On le sait, partir en affaires demande une grosse dose de bravoure. Je savais qu’en choisissant cette vie, j’allais devoir faire face à l’insécurité financière, à la fatigue, à l’incertitude, au découragement. Contrairement à mon travail de salariée où je pouvais me reposer sur le confort des services que je ne rendais pas directement en mon nom, sur celui des décisions prises par mes supérieurs hiérarchiques, et sur l’assurance des rentrées d’argent régulières et connues d’avance, j’ai vite compris qu’en tant qu’entrepreneure, ma santé psychologique et financière pouvait se retrouver menacée du jour au lendemain.
Finances, ressources humaines, clientèle, croissance, concurrence : autant de tracas fréquents chez les entrepreneurs. Savoir que l’on va vivre avec des préoccupations qui risquent d’envahir tout notre quotidien, et accepter quand même d’embarquer dans cette épopée, demande de faire preuve de hardiesse. Et c’est sans compter toutes les décisions d’affaires à prendre, qui ne sont pas nécessairement des décisions de cœur. Pourtant, on doit s’armer de courage, affronter des tempêtes et prendre les dispositions qui s’imposent. C’est d’ailleurs ce qu’on appelle le courage managérial.
Pour la petite histoire, acculés devant le gouffre financier, nous avons été contraints de congédier la moitié de notre équipe de gestion des opérations, après plusieurs mois d’investis pour la rendre opérationnelle. Nous n’avions tout simplement plus les moyens financiers pour la maintenir en place. Outre le côté humain de la chose qui me faisait mal au ventre, les conséquences directes de cette action étaient vertigineuses : la moitié moins de bras pour accomplir le travail requis pour remettre la compagnie sur les rails. Nous aurions pu décider de maintenir tout en place, en espérant que nous allions arriver à sauver les meubles. En fait, j’aurais souhaité tellement fort choisir cette option. Mais au fond de moi, je savais que ce n’était pas la bonne décision pour l’entrepreneure que je me devais d’incarner. La seule manière de sauver l’entreprise et les postes restants était de passer par cette étape douloureuse. Ma partenaire et moi savions toutes les deux que nous étions courageuses, c’est ce qui nous a permis d’affronter la réalité, de nous retrousser les manches, et d’aller de l’avant au lieu de nous morfondre.
Les épreuves que l’on affronte nous obligent à déployer notre courage. Mais quand on devient conscient que ce courage nous habite, alors on redoute moins de mettre en place les actions nécessaires dans une situation qui pourrait nous sembler effrayante. Cela nous permet de nous dépasser.